Il était une fois l’Amitié

Article : Il était une fois l’Amitié
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11 octobre 2018

Il était une fois l’Amitié

Nicoletta. Elodie. Jelena. Nadije. Shirin. Sarah. Elles sont 6. Comme les 6 doigts d’une drôle de main. Rencontrées dans un auditoire, lors d’une mission congolaise ou sur le bord d’une frontière, elles sont mes amies, mes bras droits, mes confidentes. Mais pour certaines nous ne nous sommes pas vues depuis plus de 2 ans.

Tout a commencé, je m’en rappelle bien, un matin de juin 2017. Au Sud Soudan. Sous ma tente. Dans mon lit. Alors que j’avais ressenti, quelques mois auparavant, le besoin de débriefer virtuellement (pour ne pas dire « Whatsappiquement ») mes émotions suite à une peine de cœur avec Nicoletta et Elodie, nous avions pris l’habitude d’échanger presque quotidiennement sur le dernier commérage, le beau gosse du coin ou le collègue antipathique. Mais ce matin de juin, nous apprenions que notre amie Jelena était aussi en peine à Addis Abeba. Emergea l’idée de nous soutenir mutuellement depuis Genève, Kaboul, Addis et Maiwut. Ainsi naquit le groupe « Escape Road ». Un espace sans jugement, tout en douceur, franchise, humour et intensité où chacune pourrait s’exprimer.

Pilotes d’hélicoptère, rencontres Tinder, adultères, coups d’un soir et connards, tout y passe. On exprime ce qu’on a sur le cœur, on répond avec ardeur, mais on finit toujours par se soutenir et s’encourager. Quelques mots assortis de l’une ou l’autre émoticone qui valent de l’or lorsqu’on vient de voir les vitres de sa maison à Kaboul exploser, lorsqu’on apprend que son ex est recasé ou que le divorce est prononcé. Ensemble au Congo, nous étions déjà une sacré équipe. Virtuellement, les liens se sont soudés. Nous ne pouvions pas en rester là. C’est ainsi que nous rejoignirent Sarah, Shirin et Nadije, d’autres superwomen trentenaires mère ou humanitaires qui prennent les coups durs la tête haute et acceptent avec humilité quand les orteils touchent le fond du trou.

Depuis plus d’un an, nous échangeons donc nos bonheurs, nos malheurs, nos coups de gueule, nos photos ou découvertes via Whatsapp. Genève, Damas, Nairobi, Bamako, Addis, Bruxelles, Hebron. Depuis nos quotidiens, nous partageons ce qui nous émeut, ce qui nous écœure, ce qui nous torture. Cela va du « ghosting », à la procréation médicalement assistée, en passant par la situation à Alep ou cet enfoiré de Brett Kavanaugh. On peut aussi demander conseil sur une robe de soirée, une destination vacances ou une décision professionnelle. Parfois le CICR prend les devants et nous débattons sur nos missions, nos conditions ou nos angoisses (5 d’entre nous travaillent pour le CICR). Mais l’important c’est qu’à chaque moment, une sorte de solidarité tacite prévaut. « Pour le pire et surtout pour le meilleur. »

Aujourd’hui, l’une d’entre nous veut un enfant. L’autre en ferait bien un seule. Il y a celle qui s’ennuie au travail. Et celle qui commence un boulot a priori plein de défis. Tour à tour, nous passons par des hauts et des bas et nous savons (je l’espère) que nous trouverons toujours une échappatoire, une épaule virtuelle ou un coup de pied au cul dans ce groupe. Quand on vit loin de ses repères comme nous, qu’on change de cercle social tous les ans, qu’on travaille dans des contextes difficiles et qu’on est une femme indépendante, intelligente, magnifique et resplendissante en 2018, cet espace protégé d’échange et de compréhension vaut bien toute les thérapies du monde…

Mesdames, merci. Je vous aime.

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Commentaires

Fenosoa Sergia
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C'est fou comme ça me parle. Merci pour ce joli partage !

Céline
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Merci pour ton commentaire! Tu as un très chouette blog !

Moher
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Beau commentaire, les amis/amies, c,est important .
Bonne continuation.
Besitos

Clotilde
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C est joli ce que tu ecris Celine! Un brin melancolique peut etre, mais plein d humour aussi . Merci de l avoir partage!

Ans Groen
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Merci de ce partage et bonne continuation de votre amitiés, et les écritures très intéressant.

Josselyne Conradsen
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Je suis bien contente de savoir qe tu as cet entourage de bonnes amies pour decompresser et partager tes emotions, tes joies et tes miseres . Bon courage en Israel. Bisous Bisous

Thomas
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J’espere qu’Hebron inspirera encore de textes !
Bonne reprise !

Elisabeth Smajda
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Hello Céline, j'adore ton blog et je suis super admirative !
Je t'envoie plein de belles ondes et d'énergie.